On connait à Caudiès, l'existence de 4 anciens moulins bladiers (ou à farine), activés par l'eau.
Jean-Louis Tribillac confie pour le site une photocopie d'un plan figuratif de 1817, conservé aux archives départementales des Pyrénées-Orientales (cote 2 Op8 43).
L'historique de ces moulins est assez difficile à reconstituer car ils sont passés de mains en mains le plus souvent au sein des mêmes familles, par héritage, alliance, ou ventes, forcées (faillite) ou gré à gré.
En 1279, les habitants offrent "au sénéchal de Carcassonne de faire faire un autre moulin joignant celui qui est au dit lieu appartenant à Sa Majesté; ils le feront valoir annuellement à Sa dite Majesté 50 mines de blé, mesure de Caudiès, savoir 12 émines froment, le restant en blé qui se moudra audit moulin, la mouture s'y prenant à raison de 16 L. Laquelle offre le sénéchal a accepté et tout autrement, comme il est porté aud. acte du 18 des calendes de juillet 1279." AUNAT, notaire. ( In Bayrou Albert, Caudiès-de-Fenouillèdes, à la recherche du passé).
En 1599, le roi Henri IV vend le Moulin dit du Roi, en pleine propriété aux habitants de Caudiès. Joseph Armagnac a publié in extenso, le document dans le Messager de Notre-Dame de La Val ( septembre 1936), reproduit ici.
Albert Bayrou relève dans le Compoix de 1745 - FONVIELLE Pierre, meunier (taille 16 s. 8 d.)
En 1838, dans l'Annuaire du commerce, industrie, magistrature et administration est noté Bès en tant que meunier.
Sur le recensement de la population de Caudiès de 1841, sont inscrits comme meuniers
au Hameau de Villeraze, François Ticheyre et son fils Bernard,
rue Marias, Antoine Olive (époux de Saint Pastou Pauline), Hippolite Olive (ouvrier meunier),
rue Portal den Roques, Fourcade Simon (époux de Madeleine Bès) et sa fille Magdelaine, François Doumergue (ouvrier meunier).
Rue du Moulin, sont inscrits comme propriétaires, Bès Baptiste et Bès François mais aussi Bès Raymond.
En 1909, selon Francis Mérou, il y avait 3 usiniers meuniers: Simon Olive, Raymond Caillens, Gaston Vayre.
Dans la revue Archéo 66 n°30 (2015), est publié un recensement des moulins fariniers utilisant l'énergie hydraulique, dans le Fenouillèdes présents sur le plan cadastral napoléonien (1812-1834). A Caudiès, en 1825, sont relevés
- sur la parcelle E 456, propriétaire Bès Baptiste * et François**,
- sur la parcelle D 1022, Bès Étienne, oncle,
- sur la parcelle B 1044, Olive Raymond, fils de Jacques
* Bes Jean-Baptiste né en 1772 et décédé en 1830 à Caudiès, époux de Jeanne Saint-Jean (geneanet.org)
** Bes (Jean) François né en 1775 et décédé en 1852 à Caudiès époux de Marie Anne Saint-Jean (geneanet.org)
Moulin du Roi
Albert Bayrou relève dans Caudiès-de-Fenouillèdes, à la recherche du passé:
1719, 22 mai - Le moulin sur la Boulzane est engagé au sieur REGNAULT, avocat, pour 460 l. /an. Le moulin bladier avait été acheté par les habitants, le 23 avril 1624.
Dans la première partie de son ouvrage, il a également rapporté l'affaire concernant le moulin qui avait opposé la veuve RAYMOND * et l'abbé TOURNIER, prêtre bénéficier du chapitre d'Alet qui demande la revente du moulin à son profit le 8 février 1773: Il expose que "le moulin, possédé actuellement par la veuve Raymond, sous la redevance annuelle de 460 ll et dont l'inféodation remonte à 1692, est dans un état de dépérissement que le peu d'aisance de cette veuve ne lui permet pas de réparer...Offre 140 ll de plus, c'est à dire une redevance de 600 ll."
Mais -selon Bayrou- l'exposé de l'abbé Tournier n'était pas véridique car d'après le subdélégué:
" 1° Que le moulin de Caudiès est dans le meilleur; que le feu sieur RAYMOND, ayant voulu l'améliorer, fut obligé d'abandonner l'ancienne digue, de faire tracer un canal d'environ trois cents toises de long dans le rocher, et d'en construire une nouvelle susceptible d'irruption par les inondations, ce qui lui a coûté au delà de douze mille livres; qu'indépendamment de deux meules de ce moulin est pourvu, la veuve RAYMOND fait actuellement construire un bâtiment pour en placer une troisième qui obviera pendant l'été à la disette d'eau;
2° Que la veuve Raymond, loin d'être en dehors d'état de subvenir aux frais d'entretien du moulin, se trouve au contraire dans une situation fort aisée; qu'elle paie dans la communauté de Caudiès plus de 300 ll de taille, indépendamment du vingtième; qu'elle entretient deux de ses fils au collège royal Toulouse, et que le défaut d'aisance pourrait être objecté avec beaucoup plus de raison au sieur abbé TOURNIER, à qui l'on ne connaît aucuns biens fonciers, et qui ne jouit que du modique revenu de sa prébende...
3° Que le moulin de Caudiès fut vendu et aliéné à titre de propriété incommutable au sieur LAVERGUE, avocat, par contrat du 5 juin 1688, passé par MM. les Commissaires du Conseil nommés à l'effet de procéder aux aliénations à perpétuité des domaines sujets à réparations employées dans les états arrêtés du Conseil, dans l'un desquels le moulin en question est compris; que dans le contrat de vente, il fut qualifié de banal, mais que la communauté ne l'a point reconnu comme tel dans ses dénombrements, et qu'il y a plutôt lieu de croire qu'il est seigneurial, le Roy étant le seigneur de la ville de Caudiès.
4° Evin que la veuve RAYMOND acquitte ponctuellement l'alberge de 460 LL, ainsi que le vingtième, sans que jamais il n'ait été décerné une contrainte contre elle, et qu'elle a rendu l'année dernière ses hommages et son dénombrement devant le bureau des finances de Toulouse.
J'ajouterais, Messieurs, à tous les faits que le sieur TOURNIER est soupçonné d'agir en vue de favoriser l'entreprise du sr ROUZAUD, autre prébendier d'Alet, qui voudrait s'arroger le droit de saigner le canal, ce qui fait le sujet d'un procès actuellement au Parlement de Toulouse entre la veuve RAYMOND et le sr ROUZAUD.
....
* La veuve Raymond est Françoise de Jaubert qui avait épousé Jean François de Raymond (né à Caudiès vers 1730) à Quillan le 11 juin 1743 (geneanet.org).
1781 - La dame JAUBERT est engagiste du moulin bladier.
1793 - TASTU Jacques, président du Tribunal criminel de Perpignan, épouse Marianne JAUBERT, veuve Raymond, propriétaire du Moulin du Roi.**
Le second mariage de Marie Anne de Jaubert avec Tastu a lieu à Caudiès le 26 décembre 1793 (6 nivôse an II).
**Le meunier était Nicolas François de Raymond, né à Caudiès le 23 février 1749 de Jean François de Raymond et Françoise de Jaubert, marié à Quillan le 17 novembre 1782 avec Marie Anne de Jaubert , décédé en 1792 (geneanet.org).
Ils ont au moins un fils, Clément de Raymond qui vend le moulin le 7 frimaire an VI ( 27 novembre 1797), selon un acte passé devant Me Antoine Guiter, notaire à Perpignan. (Renseignement et acte de vente donné par Marcel Delonca (geneanet.org). Le moulin est vendu aux frères Bes, Jean-Baptiste et François, fils de Baptiste Bes, meunier de Caudiès.
Dans le livre qu'il a publié en 1880 sur le Comté de Razés et le Diocèse d'Alet, Louis Fédié écrit que le roi de France avait donné à l'un de ses vassaux, le moulin à Farine dit Moulin du Roi, alimenté par l'eau prise sur la Boulzane amenée par le canal de Garrouda.
Le Journal des Pyrénées Orientales du 6 août 1850 publie une levée d'hypothèques témoignant de l'achat conjoint en 1841 du Moulin de Caudiès par Jules Bataillé et Jean-Baptiste Tisseyre à François Bès et à ses deux fils Raymond et Baptiste.
Dans le journal des Pyrénées Orientales du 30 avril 1882, une annonce légale montre qu'en 1861, Jules Bataillé et Tisseyre avaient concédé au maire de Caudiès, la prise d'eau du Canal de Garouda pour l'installation de Fontaines Publiques dans le village. Ceci montre qu'ils étaient les propriétaires du moulin.
Sur la liste des Meuniers de Caudiès en 1909 (renseignement donné par Francis Mérou) figurait Gaston Vayre. Ce fait est confirmé par Denis Vayre (novembre 2021): "mon bisaieul, Auguste Vayre (1856 - 1912) dit Gaston (père d'Auguste Vayre), marié à Anna Raspaud, menuisier puis cafetier à Caudies (Café "Gaston" sur la place) possédait "le moulin du roi", actuellement résidence de Pierre et Annie Palmade, qu'il utilisait comme moulin à huile et à farine. Le moulin avait précédé une fabrique de perles dans laquelle on faisait des colliers et des rideaux. Ce fut ensuite une fabrique de chaises dirigée par Monsieur Baux puis Monsieur Bonnemaison, joueur de rugby de Quillan."
Sur cette photo, le moulin du Roy vu de la Boulzane où l'on ne voit rien sinon la fenêtre vitrée de petits carreaux de la salle des rouets. Le bloc de béton dans le lit de la rivière soutenait un aqueduc qui amenait l'eau de fuite de ce moulin en rive gauche pour d'autres "usines".
Moulin de Villeraze ou des Peyrots ou des Aragous
Dans le Bulletin des lois du Royaume de France, apparait dans le chapitre des "Usines: les autorisations données pour travaux divers et pour l'établissement d'usines dans les lieux ci-après nommés", le moulin de Caudiès.
Il s'agit de Pierre (Jean Pierre) Bénard, né à Caudiès (vers 1783-1857). Il épouse à Caudiès en 1805 Anne Bès qui est la fille de Jean-Baptiste Bes (et Catherine Gaubert) lui-même proriétaire meunier au Moulin du Roi. D'abord cultivateur, Pierre Bénard dépose en préfecture une demande d'autorisation pour la construction d'un moulin en 1829 ( geneanet.org: Marcel Delonca).
Marcel Delonca transmet le plan dressé en 1829 par les ingénieurs des Ponts et Chaussées pour instruire la demande de construction de ce moulin.
En 1831, Pierre Mathieu Bénard et sa femme Léocadie Sivieude demeurent au moulin de Villeraze où nait leur enfant Jean André Casimir.
Dans les archives départementales des P.O. est inscrite la naissance à Caudiès de Elie Julien Théophile Bénard, fils de Pierre Mathieu Bénard et Léocadie Adélaïde Sivieude, en 1835. Son père est noté comme meunier. Son grand-père Paul Bénard est boulanger à Caudiès (Renseignement donné par Joao Bernardo Galvao Teles) mais aussi meunier tel que noté sur son acte de décès survenu dans sa maison sur le territoire de Caudiès, le 10 mai 1839 (archives.cg66.fr)
En1842, Pierre Bénard déclare la naissance de sa fille à Perpignan où il réside et exerce le métier de boulanger (archives.cg66.fr).
En 1846, Le Journal des Pyrénées Orientales, 12 décembre publie cette annonce légale.
Sur le recensement de la population de Caudiès de 1841, sont notés comme meuniers au hameau de Villerase, Ticheyre François (époux de Sagnes Ursule) et son fils
Bernard. Le document ci-dessus montre que le moulin a été vendu par le couple Léocadie Sivieude et Pierre Mathieu Bénard en 1840. C'est ce couple qui va s'installer à Lisbonne et y ouvrir une
Pâtisserie , toujours en activité. sur l'annonce légale, il est précisé " sans domicie connu" car le couple a résidé après son départ de Caudiès successivement notamment à Perpignan, et à
Bayonne (où est née leur fille) avant de se fixer à Lisbonne.
Toujours sur le recensement de 1841, sont relevés Fourcade Simon meunier, et Doumergue François ouvrier meunier, rue Portel d'en Roques d'une part et d'autre part Olive Antoine meunier et, Olive Hypolite et Grand Auguste ouvriers meuniers rue Marias.
Le Journal des Pyrénées Orientales du 16 novembre 1853 publie cette petite annonce.
En 1856, le moulin Tisseyre est vendu aux enchères. Dans le Journal des Pyrénées orientales du 30 janvier 1856, sont détaillées les propriétés saisies avec le
moulin, et il est noté que la scierie a brûlé.
Le recensement de 1906 relève comme meunier Olive Simon (né à Caudiès en 1841) avec son beau-fils Tribillac Alphonse (né à Aunat en 1870).
Moulin de Saint-Jaume
Son existence est évoquée par Joseph Armagnac dans un article sur Castel-Fizel publié dans "La Veu del Canigò" en 1914.
Il dit que la chapelle Saint-Jaume est devenue bâtiment rural, dépendance du moulin. Celui-ci était alimenté par la rivière Saint-Jaume.
Albert Bayrou, note qu'en 1790, Francis Raymond possédait le moulin de Castelfizel (in Fenouillèdes Diocèse d'Alet), et dans un second ouvrage (in Caudiès-de-Fenouilèdes, à la recherche du passé), il transcrit:
- 1823, 11 février - Le moulin de Saint-Jaumes:
Rapport de l'ingénieur en chef, TRETON, au sujet du moulin de Saint-Jaumes déjà mentionné dans un titre de 1534.
Dans le compoix de 1645, rôle de François JALABERT " pour une pièce de moulin à farine ruiné, dit moulin de la ferme (ferus ,ferna febna ?) sur la rivière St Jaumes et terres hermes incultes."
Le moulin aurait été supprimé et sa meule enlevée par un arrët du parlement de Toulouse, en 1780.
Le 21 février 1806, J.Bte BES et François BES, frères, meuniers du moulin de Caudiès, propriétaires de la masure de l'ancien moulin de Castelfizel, le vendeur Clément RAYMOND, "s'obligeant le droit à perpétuité de bâtir aucun moulin dans les lieux."
Me GUITTER, notaire de Perpignan.
En 1827 Étienne Bes, propriétaire du Moulin Saint-Jaume l'avait loué pour une durée de 10 ans à Alexis Armagnac garçon meunier (Bail signé devant Pépratx,
notaire de Caudiès, transmis par Marcel Delonca, AAPO-Groupe de recherche sur les moulins du Fenouillèdes)
Dans le Journal des Pyrénées Orientales du 15 avril 1837, l'annonce rapporte qu'Étienne Bès avait vendu à Anne Guilhem-Balaye, le moulin St Jaume en 1830.
Sur le recensement de la population de Caudiès en 1841, consulté en ligne sur les Archives des Pyrénées-Orientales, sont notés dans le hameau Saint-Jaume métayers et meuniers, à savoir pour ces derniers Balayer Jérome (le père), époux d'Anne Guilem et Pierre (le fils). Dans le Journal des Pyrénées Orientales du 26 mars 1842, est publiée l'annonce judiciaire concernant le moulin de Saint Jaume.
Sur le recensement de la population de Caudiès en 1856, est inscrit comme meunier, Antoine Bot, 47 ans avec sa femme Rose Baillat, ses 4 fils et sa fille.
Est également inscrit Pierre Fourquié, ouvrier meunier. Antoine Bot est encore noté meunier en 1866.
En 1886, est recensé François Artozoul 50 ans, avec sa femme Elisabeth Rivière au Moulin Saint-Jaume.
Lors de son mariage en Janvier 1860, François Artozoul était noté comme meunier résidant à Espira d'Agly. Il épouse Elisabeth Rivière, originaire de St Louis et Parahou, est veuve de Pierre Saunière, meunier à Espira d'Agly.
Sur le recensement de 1906, 2 meuniers sont notés: Caillens Raymond (le père né à Sournia en
1850) et Caillens Julien (le fils né en 1885 à Maury). Raymond Caillens est noté comme meunier, résident à Sournia à son mariage avec Marguerite Bénazet. Il est marqué comme meunier à Maury lors
de la naissance de son fils.
Julien Caillens meunier avec son père à Caudies, se marie à Fenouillet en 1908 avec Adrienne Marsal. Ils sont encore notés meuniers en 1911.
Il meurt pendant la guerre en 1916 dans l'Oise. Mort pour la France, son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Caudiès.
Ce moulin est donc racheté, après 1917 lorsque le moulin de la garrigue est emporté par une crue de la Boulzane (renseignements fournis par Jean-Louis Tribillac et Denis Vayre).
À partir du recensement de 1921, aucun meunier n'est noté, alors que des habitants sot recensés.
MOULIN du PONT de la GARRIGUE
Dans le Journal des Pyrénées Orientales du 2 février 1849 (geneanet.org), est trouvée cette annonce judiciaire. Cet article décrit bien le moulin de la garrigue tel
qu'il était en 1849: moulin à farine à 3 meules, mais aussi moulin à scie.
Cette photographie du moulin "Tribillac" prise en 1899 (auteur inconnu) est extraite du livre que Philippe Mérou, Alain et Jean-Pierre Vergès ont publié en 1980,
sous le titre Caudiès de Fenouillèdes, Regards sur un village des Corbières (1895-1945). On reconnait ici le lot n°5 de l'annonce.
Dans le Journal des Pyrénées Orientales du19 juin 1849, c'est à dire quelques mois plus tard parait l'annonce de séparation de biens de la femme d'Antoine Olive qui essaie de sauver le reste de sa dot, après la faillite de son mari, comme il est expliqué dans le livre "Moulins et Meuniers du Fenouillèdes".
Dans le Journal des Pyrénées Orientales du 21 juin 1850 sont publiés les prix de vente (geneanet.org)
Sur le recensement de la population de Caudiès de 1856 (archivescd66.fr) sont notés, résidents au Pont de la Garrigue:
Caraguel Ignace, meunier, 43 ans
Delbourg Charlotte, sa femme, 39 ans,
Leurs cinq enfants (Émile 13 ans, Balbine 10, Prospérine 6, Prosper joseph 3 et Cécile Marie 1 an)
ainsi que Paris Catherine, mère du chef de ménage, 75 ans.
Charlotte décède à 45 ans, et Ignace Caraguel part en Algérie avec ses enfants qui s'y mariront . Son fils Ignace Prosper y sera meunier. Il vend le Moulin de
la Garrigue à Pierre Simon Olive.
Sur le site de généalogie (geneanet.org), sont relevés:
- Pierre Simon Olive, surnommé "Le Détestable et l'ours", né à Caudiès le 17 avril 1841, est noté comme décédé le 7 décembre 1906 à son domicile au moulin de La Garrigue. Il a eu deux filles dont l'une Françoise Joséphine Olive, meunière a épousé Alphonse Benjamin Tribillac (né à Aunat, dans l'Aude, en 1870).
- Charles Tribillac dit Jean (tonton du moulin, surnom donné par Geoges Vayre) est un des fils du couple Tribillac-Olive (1904-1991).
Jean-Louis Tribillac, fils de Charles, apporte les précisions suivantes: en 1917, alors que Alphonse Benjamin Tribillac est au front, survient une crue de la Boulzane au cours de laquelle la retenue d'eau pour le moulin est emportée , mettant fin à son exploitation. Sa fiche de matricule militaire (matricule 1303, classe 1890, bureau de Narbonne) témoigne de sa campagne contre l'Allemagne (31 mars 1915 au 1er mai 1916) et porte la mention "détaché agriculteur catégorie A à St Paul de Fenouillet " en date du 10 novembre 1917. À son retour du front, Benjamin Tribillac, rachète le Moulin de Saint Jaume pour maintenir une activité farinière (blé, avoine) pour les habitants de Caudiès.
Déjà, en 1891, une crue importante est rapportée dans les journaux de l'époque, comme le rapporte "L'Univers" du 27 octobre de cette même année.
et en 1892...
Le rapport préfectoral sur la préventions risques naturels dans la commune de St Paul (2012) signale également que la passerelle menant à la mire de la station de jaugeage, installée sur la Boulzane en 1910, a été emportée lors de la crue de 1917 (a priori au mois de décembre).
Actuellement Jean-Louis Tribillac demeure dans le bâtiment qui fut l'écurie tandis que son frère Robert occupe l'ancien moulin.
Denis Vayre, fils de Georges Vayre adjoint au Maire de Caudiès, confie ce témoignage: "Mon père a eu un jour la bonne idée de réaliser un interview de Charles Tribillac* dit « l’oncle Jean ». J’ai retrouvé cette cassette audio dans laquelle cet homme très modeste et très humble nous apprend beaucoup de choses sur notre village et notamment que le moulin de la garrigue appartenait à une famille qui le vendit avant de partir en Algérie**, mais laissons le parler :
Simon et Catherine Olive mes grands-parents habitaient à Villeraze et au moulin des « peyrots » où il y avait une scierie. On achetait des coupes de bois à la forêt des Fanges. Un scieur spécialisé restera au service de la famille pendant trente ans. Il y avait aussi 2 domestiques pour porter le bois. Les poutres, chevrons et planches étaient transportés par une paire de bœufs et étaient livrés aux menuisiers du canton et également à la maison Quinta de Perpignan qui fabriquait des meubles. Une grue avait été installée à la gare de Caudiès et permettait de charger un wagon pour cette destination.
A la suite d’une crue de la Boulzane le 19 Décembre 1917, le moulin de la garrigue, second moulin de la famille ne pouvant être opérationnel, le moulin de Saint-Jaume, situé non loin de Notre Dame de Laval fut acheté à Monsieur Caillens. La famille avait aussi une exploitation agricole à Villeraze et à Montauriol.
On mangeait dans le village et aux alentours, d’excellents haricots préparés avec la bonne eau de Caudiès, des pommes de terre, des cochons et de la volaille.
Pour la vigne, les ¾ de la récolte étaient utilisés pour la consommation familiale. On faisait le vin avec des pressoirs personnels qu’on louait. Avec du vin piqué on distillait de l’alcool chez Monsieur Audouy qui possédait un alambic. Avec 100 litres de vin on faisait 1 litre et demi d’eau de vie de 45 à 50 °.
Le moulin de la garrigue marchait à plein rendement. Le canal d’arrosage ou la rivière actionnait les palettes d’un rouet qui mettait les meules en marche. Il y avait au moulin 3 meules dont 2 marchaient constamment. Des femmes étaient employées pour passer les grains au passe-farine d’où sortait la bonne farine, la petite farine ou « rebour » que l’on donnait au cochon et le son.
On faisait un excellent millas (1) avec la farine de blé plus appréciée que celle de maïs. Des gens des villages avoisinants, tel Saint-Louis, venaient moudre leur grain à Caudiès. On mettait les différentes farines dans des « sacques » après avoir moulu toute la nuit. A l’époque Caudiès était très pauvre et souvent le meunier devait faire l’avance des grains.
Il y avait aussi un moulin à Fosse mais la farine était de moins bonne qualité qu’au moulin familial où elle était pure et très blanche car on mouillait le grain avant de le moudre. Avant 1914 tout le territoire de Caudiès était en grain. La céréale était lavée puis séchée au soleil. Notre famille élevait aussi des vaches laitières mais peu de chèvres car elles abimaient les arbres. Pour les chèvres et les moutons, il y avait un berger commun qui prenait en charge les troupeaux."
* Charles Tribillac (1904-1991)
** Le site geneanet.org montre qu'il s'agit de la famille Caraguel.
L'existence de plusieurs autres types de moulins à eau est également retrouvée.
Moulin à scier
Le plan figuratif de Caudiès montre l'emplacement de deux moulin à scier (n°5 et 11).
Le plan ci-dessous, établi par les ingénieurs des Ponts et Chaussées en 1842, transmis par Marcel Delonca (geneanet.org) montre la scierie de Bataillé et Tisseyre.
Moulin à Foulon*
Albert Bayrou relève qu' en 1673, JULLIA veuve de Marc-Antoine de NEGRI, possédait un champ donné au couvent avec la partie d'un moulin à foulon situé au-dessus du moulin à blé.
*un moulin à foulon sert à battre la laine tissée.
Moulin à papier
1790, "il avait entreposé à Conac un moulin à papier dont le canal était formé".
En Juillet 2021, parait ce livre dont l'un des auteurs, Marcel Delonca, a apporté une contribution importante pour ce chapitre. Qu'il en soit remercié.
Les Meuniers de Caudiès
Les moulins se sont souvent transmis au sein des familles, et on retrouve ainsi les meuniers sur les arbres généalogiques, dont certains sont publiés ici (avec l'autorisation des généalogistes - grand merci à eux).
Famille Olive (Descendance de Joseph Olive)
Famille Bes
Famille Bot
Arbre généalogique d'Ignace Caraguel
En dehors de ces "dynasties" de meuniers, sont fréquemment notées des alliances les familles de boulangers.