Fête Patronale du 8 septembre
Comme le rapporte l'article signé par Gratia Blanc, paru dans l'édition du 24 septembre 1869 du Journal des Pyrénées Orientales, les fêtes sont d'abord religieuses (ressourcespatrimoines.laregion.fr).
L'église paroissiale qui date de 1583, est consacrée à la Nativité de la Vierge, fêtée à une date fixe selon le calendrier liturgique à savoir le 8 septembre de chaque année. Cette célébration, a d'abord été instaurée à Constantinople, et en France, par le pape innocent IV, au premier concile de Lyon (1245).
Note: Gratia Blanc, épouse d'un journaliste du Journal des Pyrénées Orientales, était la cousine d'un caudiésien dont elle cite l'initiale du nom ("A.") dans un autre article.
En 1839 déjà, lors du voyage du Duc d'Orléans et de son épouse à travers la France pour rejoindre Port-Vendres et s'embarquer pour l'Algérie, le journal des Pyrénées Orientales avait relaté leur accueil à Caudiès dans le décor éblouissant de la fête patronale conservé pour l'occasion.
Dans le journal des Pyrénées Orientales du 21 septembre 1839, le journaliste signe l'article suivant. (ressourcespatrimoines.laregion.fr). Le maire de la commune était Paul Baux.
François Fabre dans son ouvrage intitulé Voyages des Altesses royales en Roussillon, avait fait une très jolie description du décor de la place réalisé pour la fête patronale qui durait 3 jours, mais gardé jusqu'à la visite du Duc d'Orléans prévue quelques jours plus tard:
" Cette ornementation , vraiment unique, émerveilla le Duc d'Orléans qui n'en croyait pas ses yeux.
Au centre de l'enclos, formé de chevrons plantés dans le sol, réunis par des croisillons et de petits sapins, le tout habillé de mousse ou de buis, s'élevait, haut vers le ciel, " l'aïbré de la touno" gigantesque sapin d'où partaient, pour former un immense parapluie, de nombreuses guirlandes de buis, de mousses ou de papier. En bonne place, contre la façade de la Mairie, entouré de fleurs, de plantes vertes, de drapeaux, trônait le buste du Roi Louis-Philippe, ce que son fils ne manqua pas de remarquer. ...
....et voici que la cobla se met à jouer des sardanes dansées par de jeunes couples. ...
Dans l' édition du 21 septembre 1839 du Journal des Pyrénées Orientales, il est encore écrit:
François Fabre rapporte aussi que Mademoiselle Benet avait été choisie pour réciter un poème à la Duchesse et que celle-ci lui a offert un bijou. Cette anecdote figure également sur le site de l'Institut du Grenat catalan qui publie la photo de la broche, toujours gardée dans une famille de Perpignan (institutdugrenat.com)
En 1896, le journal L'Éclair du 9 septembre (ressourcespatrimoines.laregion.fr) décrit le passage d'un régiment à Caudiès, le jour de la Fête.
Ces deux photographies sont extraites du livre "Caudiès de Fenouillèdes, Regards sur un village des Corbières (1895-1945) de Philippe Mérou, Alain et Jean-Pierre Vergès, publié en 1980.
Café Vayre, Apéritif dansant, et marchand de glaces...
Dans les années 1950
Ce décor féérique n'émerveilla pas que le Duc d'Orléans mais des générations de Caudiésiens qui s'en souviennent encore.
Les conscrits de l'année étaient chargés d'aller couper le grand sapin dans la Forêt des Fanges. La fin du service militaire obligatoire, la rentrée scolaire avancée au début septembre, notamment entrainèrent la disparition de cette somptueuse mais éphémère ornementation...même si la fête patronale perdure.
Jean Tiburce se souvient des odeurs mêlées de sapin et de poudre car chacun faisait exploser ses pétards.
A l'arrivée sur la place de la Mairie par la Grand'Rue, aussi décorée de sapins, se trouvait l'espace pour la danse puis l'estrade de l'orchestre. Le café Vayre (au réz-de-chaussée de la maison colombage), buvette servant bières et anisettes, marquait la jonction avec la fête foraine installée dans l'avenue du pont de Quillan: manège de chaises au bout de chaînes, stands de loterie et surtout de tir au pigeon (avec des vrais pigeons dans des boites).
1954 La fête patronale et le couronnement de la Vierge.
L'abbé Gabriel, dernier curé de Caudiès avait décidé pour préserver les pierres précieuses des ex-voto (raison notée sur la fiche réalisée pour les Monuments Historiques en 1972) d'en faire faire une couronne pour la statue de la vierge. Il avait aussi mis à contribution certaines de ses paroissiennes qui lui avaient donné leurs bijoux.
La couronne est réalisée par un artisan perpignanais.
Si, désormais la statue de la Vierge de Notre-Dame est couronnée chaque 15 août pour l'Assomption, la cérémonie du premier couronnement a été organisée pour la fête patronale. Cette cérémonie a été célébrée par l'évêque de Perpignan, Monseigneur Bernard devant une foule de fidèles rassemblée à Notre-Dame de La Val.
Jean-Paul Tricoire confie cette photo prise par son grand-oncle Louis Maraval, lors de la Cérémonie en plein air, du Couronnement. La Croix en béton a été érigée spécialement pour l'occasion près de Notre-Dame de La Val.
Fête locale décrite par Georges Vayre, conseiller municipal de 1971 à 1991
(texte transmis par Denis Vayre, son fils)
La fête est une réminiscence des temps anciens.
C’était, exception faite des jours de foire qui se tenaient au pré communal et place de la gendarmerie, la seule animation au cours de laquelle tout un peuple arrêtait le travail pour assister aux réjouissances.
Elle était de plusieurs sortes :
On profitait de la fête locale pour inviter parents et amis. Les « salles à manger » étaient à peine assez grandes pour accueillir la grande foule des cousins.
C’était l’occasion de « s’en mettre plein la lampe », car le menu journalier de nos concitoyens était toute l’année composé des plats traditionnels de haricots et de pommes de terre.
Le beefsteak était réservé au samedi et le potage au dimanche à moins qu’un lapin de clapier familial, préparé en civet, ou une volaille de la basse-cour ne fassent les frais du repas qui relevait alors d’une espèce de festin.
Pendant quatre jours la musique battait son plein…
Avant midi, « tour de ville » à moins que le comité des fêtes n’ait préféré l’heure du repas du soir : sérénades aux élus, danses (polka, java, scottish, valse.) Une série de cette nature et on recommençait jusqu’à la fin du bal et ainsi pendant quatre jours, exception faite du dernier jour, où une farandole endiablée retenait les danseurs tard dans la nuit.
Le comité d’organisation était un « comité d’âge ». La classe, (c’est à dire les gens prêts à faire le service militaire) avait la responsabilité des recettes et des dépenses. Le plus clair des recettes reposait sur les bals de bouquet (en général au cours d’une polka) les jeunes arrêtaient de danser et chaque cavalier offrait à sa cavalière une fleur artificielle qu’il devait payer.
Les cafetiers soutenaient financièrement le comité ! En échange ce dernier mettait les musiciens à la disposition d’un bar pour un concert très suivi.
Le comité avait la charge de la préparation de la fête suffisamment à l’avance. Ils cueillaient du lierre, du buis, de la mousse qui en guirlande décoraient la place. Celle-ci était ceinturée par les sapins de la forêt des Fanges et en position centrale, un grand sapin qui dépassait le faîte des toits voisins.
Equipés de cordes et d’échelles, les jeunes sous le commandement d’un spécialiste local hissaient le grand tronc. C’était au fil des ans ceux qui dresseraient l’arbre le plus haut.
Planté place de la mairie où un grand trou avait été préparé, il fallait qu’on le voit depuis la route nationale pour attirer les gens de passage.
« A la hisse » on tirait sur les cordes et on avançait les échelles jusqu’au moment où le géant droit comme un I était prêt à dominer la fête. De l’arbre central aux sapins plantés à la périphérie, on plaçait des guirlandes : celles naturelles en lierre, ou en buis, mais aussi celles spécialement préparées pendant des soirs et des soirs…Elles étaient confectionnées à partir de grandes feuilles de papier glacé aux couleurs vives. On gaufrait le papier pour faire des espèces de ballons ovales aux couleurs traditionnelles : dans l’ordre bleu, blanc, rouge, jaune, et vert. Gare à qui se trompait… il fallait refaire le travail.
La place était systématiquement arrosée et balayée avant chaque séance de bal … Des drapeaux prenaient place en faisceau sur les platanes. On ne reverra certainement plus ces fêtes d’antan. Elles relevaient du volontariat, du désir de travailler ensemble et d’un goût très certain. Nos jeunes étaient de réels artistes. Ils savaient au mieux manier les couleurs.
Les jeunes filles de la classe donnaient la main aux garçons, ainsi notre jeunesse se retrouvait elle pendant de nombreuses soirées. Lorsque le comité ne comportait qu’un nombre de garçons réduit, le comité d’âge suivant s’incorporait au travail.
Sur la place le bal battait son plein et la farandole qui faisait le tour du village était menée par l’homme du village considéré comme le plus fort. Un homme la termine qui s’affuble d’un morceau de vieille fourrure symbolisant l’ours du conte amoureux de la jeune fille symbole du résultat souhaité de la fête : que chaque jeune fille ait trouvé un galant.
En 2008 Le Syndicat d'Initiative reconstitue le décor pour un apéritif de terroir.
Malheureusement comme le rappelle Christian Rey, les conditions climatiques sont mauvaises et la fête qui devait avoir lieu en plein air,
se déroule à l'abri dans la salle polyvalente.
En 2013, le Syndicat d'Initiative organise la Fête patronale qui va être animée par une cobla.
Comme avait écrit Henry Pépratx dans son livre "La Sardane" publié en 1956:
"...jusqu'à Caudiès-de-Fenouillèdes - "Porte du Roussillon" par la Vallée de l'Aude - où la grande fête locale du 8 septembre ne serait pas "la Fèsto" sans une cobla catalane."